Agriculture urbaine Comment relever les défis techniques ?
Alors que les projets d’agriculture urbaine (AU) se multiplient, que la proportion de citadins continue d’augmenter, et que la demande en produits locaux monte en flèche, l’Institut Technique Astredhor a présenté vendredi 22 mars, ses travaux sur les défis techniques qui restent à relever pour produire en ville.
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Les agricultures urbaines émergent en France et dans le monde, à travers un éventail de projets, du plus « high tech » à des projets « low tech » faisant appel au recyclage des déchets.
Le programme de recherche du ministère de l’Agriculture et de l’alimentation Techn’AU s’est intéressé pendant deux ans (2017-2018) aux freins technologiques de l’agriculture urbaine (https://www.lienhorticole.fr/actualites/agriculture-urbaine-lever-les-freins-technologiques-1,6,1677569821.html). Les résultats ont été présentés lors d’une matinée dédiée.
Luminosité en agriculture urbaine
Le premier axe de recherche du projet consistait à trouver des végétaux permettant d’offrir de bons rendements dans des situations urbaines à faible ensoleillement. Pour y parvenir, la station Astredhor Loire-Bretagne a effectué des tests sous filets d’ombrage. Différents taux d’ombrage ont été mesurés.
Une vingtaine de végétaux, divisée en quatre catégories (Fleurs comestibles, micro-pousses, aromatiques, et légumes), a été testée. Les meilleurs résultats ont été obtenus avec les micro-pousses, dont la production est de bonne qualité, même à 60 % de taux d’ombrage. Pour les aromatiques, un taux jusqu’à 30 % mène à de bonnes productions mais se complique généralement au-delà (avec des exceptions pour la ciboule de Chine, le céleri, le cerfeuil et le persil par exemple, dont la production reste satisfaisante, même à 60 % d’ombrage). Pour les fleurs et les plants légumiers et fruitiers, l’ombre est en général plus problématique.
La station a également mené un travail sur l’utilisation de fibre optique pour récupérer la lumière naturelle, mais les résultats n’ont pas été satisfaisants. Cet outil semble peu adapté à la production végétale.
Supports de culture et fertilisation
L’agriculture urbaine, dans une logique d’économie circulaire, est à la recherche de supports de culture auto-fertiles constitués à partir de résidus d’origine locale. Deux sources de déchets sont utilisables en ville : les bio-déchets, qui vont apporter la fonction nutritive au sol, et les résidus de construction, qui vont apporter la structure. Laura Bessouat (Astredhor Seine-Manche) et Baptiste Grard (Inra/AgroParisTech) ont détaillé leurs travaux respectifs pour constituer un support de culture pertinent. Les niveaux de productivité étaient variables selon les matériaux testés. D’après l’étude menée par Astredhor, les meilleurs rendements ont été obtenus avec un mélange associant 80 % de compost de bio-déchets (déchets verts et alimentaires) et 20 % de béton cellulaire.
La station Astredhor Seine-Manche a également effectué un essai en hydroponie verticale, afin de tester trois types de fertilisation : jus de bio-déchets oxygéné, solution à base de résidus végétaux, et solution à base d’urine traitée. C’est cette dernière qui a donné de meilleurs résultats (rendements 3 à 5 fois supérieurs aux deux autres). Mais c’est également la plus chère des trois.
Deux études sur la perception sociale de l’AU
Afin d’appréhender la question de la perception sociale, deux études ont été menées sur des petits échantillons (32 personnes interrogées dans chaque cas). Une première visait à comprendre la perception que les consommateurs ont des agricultures urbaines. La seconde s’intéressait à la perception des fermes urbaines par les « constructeurs » (élus, paysagistes,…) de la ville, en comparant les villes de Paris et Toulouse. Il semblerait que Toulouse veuille préserver les terres agricoles et s’intéresse à la viabilité économique des exploitations tandis que Paris est dans une recherche d’optimisation de l’espace.
Les différents travaux ouvrent sur de nouvelles perspectives et mériteraient d’être poursuivis. D’ailleurs, « le CASDAR Techn’AU sera prolongé au moins jusqu’à la fin de l’année… voire plus » a annoncé Franck Bourdy, chargé de mission au ministère de l’agriculture et de l’alimentation, lors de cette matinée.
Léna Hespel
Un dossier sur l’agriculture urbaine paraîtra dans le prochain numéro du Lien horticole (Lien Horticole de mai n°1085)
. La synthèse de ces 3 axes de recherches est à retrouver sur le site d’Astredhor
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